LES MÉFAITS DU PATRIARCAT
Le plus
gros problème avec le monde actuel est, peut-être, que depuis 2 ou 3000
ans, et surtout depuis 1500 ans, le genre humain adore la mauvaise
divinité et poursuit de mauvais idéaux. Quand l’homme a mis Dieu à la
place de la Grande Déesse, il a en même temps remplacé les valeurs
humanistes par des valeurs autoritaires. La relation de l’homme à Dieu
est devenue celle d’un enfant avec son père, l’amour et la bienveillance
ne pouvant découler que d’une obéissance et une soumission aveugle, comme le fait remarquer Fromm ; dans l’ancien monde, la relation
homme-dieu était celle de l’enfant avec sa mère – une mère dont l’amour
est sans condition et la bienveillance acquise. Quand la déesse de
justice laissa la place au dieu de vengeance, l’homme devint dur et
inhumain et l’autorité remplaça la compassion en tant que loi de la vie.
La déshumanisation de la société moderne, tellement ressentie par la
jeunesse actuelle, est le prolongement naturel et prévisible d’un
système patriarcal évolué. En étant obligés de nous soumettre avec une
obéissance aveugle aux exigences du Dieu vengeur et de ses stricts
précepteurs sur terre, nous avons oublié ce que sont la douceur et la communication. Le
mot de “blanc35” employé par les noirs américains est une accusation
portant, non sur le caractère racial, blanc ou caucasien, mais sur les
particularités patriarcales : l’arrogance, l’intérêt personnel,
l’indifférence à la souffrance des autres, l’autoritarisme, la mise en
application violente de lois artificielles. Les peuples patriarcaux
accordent plus d’importance au droit de propriété qu’aux droits de
l’homme et insistent plus sur la soumission à une morale rigide qu’aux
concepts de justice et de clémence. Les sociétés matriarcales, étudiées
par les spécialistes comme Morgan, Bachofen, Malinowski et Mead, se
caractérisent par une démocratie réelle dans laquelle le
bonheur et l’accomplissement de l’individu dépassent tous les autres
objectifs de la société. On y trouve une philosophie et un mode de vie
respectant et cultivant la dignité et l’individualité de chaque être. La
morale sexuelle est une question de conscience individuelle, et non de
loi ; et les enfants “illégitimes” n’existent pas, pour la même raison
que les Spartiates refusaient la possibilité de la bâtardise dans
l’ancienne Sparte, à savoir : tout enfant né d’une femme est un enfant
légitime. La peine de mort aussi est une institution patriarcale –
l’inexorable loi de l’œil pour œil. Les sociétés matriarcales se
contentent de punir l’assassin et de l’obliger à indemniser totalement les
personnes dépendant de la victime. Mais le patriarcat se doit d’exercer
une vengeance sanglante, même si l’exécution du coupable fait plus de
mal que de bien aux survivants de la victime.
Extrait du livre le Sex premier d'Elisabeth Goulde Davis.
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